Bibliographie de Meaux

Aqueduc de la Dhuis

 

Alimentation de l'eau à Paris aux XIXe et XXe siècles

En 1854, le canal de l'Ourcq, la Seine, les sources d'Arcueil, de Belleville, Pré Saint Gervais et de Grenelle fournissaient «7 390 pouces d'eau » aux Parisiens (soit 148 000 m3 par jour, soit 148 litres / jour / hab.). Le baron Haussman dissuada Napoléon III de confier la distribution de l'eau à des compagnies privées, soulignant l'enjeu stratégique de ce service public vital.

Belgrand proposa le projet d'une double distribution : eau de rivière pour les services publics et industriels, et eau de source aux particuliers pour la boisson.

L'Annuaire des eaux de France (1851, 1ère partie, p. 13, rédigé par la commission présidée par M. Hericart de Thury) définit les « bonnes eaux » ainsi : « On admet généralement qu'une eau peut être considérée comme bonne et potable quand elle est fraîche, limpide, sans odeur ; quand sa saveur est très faible ; qu’elle n'est surtout ni désagréable, ni fade, ni salée, ni douceâtre ; quand elle contient peu de matières étrangères ; quand elle renferme suffisamment d'air en dissolution ; quand elle dissout le savon sans former de grumeaux et qu'elle cuit bien les légumes. »

Aujourd'hui
L'eau de Paris provient pour 50% de 48 sources situées dans un rayon de 80 à 150 km autour de la capitale, dans les régions de Provins, Sens, Fontainebleau, au sud, et de Dreux à l'ouest. La Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris (S.A.G.E.P.), qui en est l’exploitant, préserve ces ressources par des périmètres de protection autour des ouvrages de captage, en accord avec les agriculteurs, les élus, les industriels, et autres services publics.
Ces eaux sont acheminées par gravité vers Paris par 600 km d'aqueducs. Elles sont complétées par de l'eau de surface des rivières Seine et Marne, traitée par trois usines  (Ivry, Orly et Joinville) qui produisent une eau d'une qualité tout à fait comparable à celle d'une eau de source.

Désormais, l’aqueduc de la Dhuis alimente en eau potable le grand parc d’attraction de Marne-la-Vallée. Entre ce dernier et Paris, l'aqueduc n'est plus entretenu. Les terrains ont été cédés aux propriétaires environnants (v. infra).


Un aqueduc...

Définition
L'aqueduc est une conduite d'adduction d'eau, maçonnée et couverte. Il peut être souterrain ou aérien, porté au-dessus du sol par une suite d'arcades (cf. pont aqueduc).

Historique
Dans les villes grandissantes de la Grèce antique, on a dû canaliser les fontaines et  capter les sources thermales.
Pour alimenter les villes en eau potable, les sources en hautes altitudes sont captées par une construction inventée par les Romains : l'aqueduc.
Ces ouvrages long de plusieurs dizaines de kilomètres devaient franchir des obstacles, en particuliers les rivières et les vallées. La découverte de l'arc plein cintre permit la construction de pont : le pont-aqueduc.
Ces ponts aqueducs pouvaient avoir plusieurs étages et recevoir une voie de circulation (Pont du Gard).

...de la Dhuys

Étymologies
Le mot Dhuys proviendrait du gaulois Dusius c'est-à-dire démon, qui serait une rivière divinisée. Il aurait donné ensuite le mot de la langue d'oïl duit ou dui, nom de source puissante. Ce mot désigne parfois une source à laquelle on lave  ou un petit lavoir, que l'on retrouve en oïl dans doiz, doit qui désigne un conduit d'eau, un canal. Enfin, par allitération, le mot aurait donné en vieux français le verbe dhuir qui signifie conduire, mener (Encyclopédie Larousse du XIXè siècle).
Ainsi, le ruisseau de la Dhuys  avec son étymologie porte un nom prédestiné puisqu’elle engendra un aqueduc ! Mais l'inspiration de Belgrand était ailleurs.
L'orthographe Dhuys que l'on peut rapprocher à la Dhuy, rivière du Loiret de même étymologie, désigne notre ruisseau ; alors que Dhuis dénomme le présent aqueduc (le « i » remplace le « y », évolution courante de la langue française).  Hélas, la tendance actuelle tend à utiliser les deux orthographes indistinctement.

La source
Situé à Corrobert, au nord-est de Montmirail (Marne), le ravin de la Dhuys est issu des terrains tertiaires lacustres situés au-dessous des marnes vertes de Montmartre, et qui s'étendent sur toute la surface de la Brie. Plusieurs rus le rejoignent et l’alimentent lors des pluies.
La Dhuys, affluent gauche du Surmelin, rejoint ce dernier à Condé-en-Brie pour se jeter dans la Marne à l’est de Mézy-Moulin.

L'aqueduc de la Dhuis en données originales
L'aqueduc prend son départ à Pargny-la-Dhuys (Aisne) à 128 m d'altitude et arrive à 108 m dans le réservoir de Ménilmontant (Paris). Sa longueur totale est de 131,162 km pour une pente de 0,10 m / km. Son débit moyen est de 22 000 m3 / jour.
Il franchit 21 vallées d'une profondeur comprise entre 20 et 73 m au moyen d'autant de siphons.
Le décret du 4 mars 1862 déclare l'utilité publique. Les travaux divisés en deux lots, commencèrent à la fin juin de 1863. L'eau put être introduite dans l'aqueduc le 2 août 1865 ! La distribution régulière commença le 1er octobre suivant.
L'aqueduc de la Dhuis a coûté 18 millions de francs incluant l'achat des chutes des usines de la Dhuys et l'acquisition des sources et des usines du Surmelin. En 1889, la quantité d'eau distribuée annuellement s'élevait en moyenne à 66 millions de m3 pour un prix de 0,113 F / m3.

L'avenir de l'Aqueduc de la Dhuis

La Ville de Paris voulait céder une partie de l'aqueduc au profit de la société Plocoplâtre en vue d'exploiter le sous-sol en carrière à ciel ouvert. Le collectif « Sauvons la Dhuis » avec pugnacité a réussi à faire abandonner ce projet en 2012.

Après avoir paré à l'urgence en réussissant à faire entendre la voix des habitants du 93 et du 77, le collectif « Sauvons la Dhuis » veut commencer un travail de longue haleine afin de sauvegarder durablement l'aqueduc de la Dhuis comme corridor écologique du Raincy à Dampmart et cela sans discontinuité.

En effet, rien ne protège véritablement l'Aqueduc de la Dhuis en Seine-et-Marne, aucun statut ne le préserve pas plus que les milieux naturels exceptionnels qu’il traverse.

Ainsi, en décembre 2012, les hostilités reprennent : Placoplâtre a présenté un projet d’exploitation d’une nouvelle carrière à ciel ouvert sur la commune de Villevaudé au lieu dit du Bois de Gratuel que traverse l'aqueduc. Ce projet s’oppose aux normes sanitaires liées au périmètre de protection de la Dhuis.

En savoir plus :
Sauvons la Dhuis

 

Bibliographie générale

Itinéraire : carte IGN Série verte n° 9 (Paris-Laon) au 1:100 000 (1 cm pour 1 km)
L'aqueduc de la Dhuis, in Bull. de la Société Historique du Raincy et du Pays d'Aulnoye, n° 34, 1961.
Liens bibliographiques :
Histoire de l'eau à Paris , Eugène Belgrand
Biographie et bibliographie d'Eugène Belgrand

Patrice CROISY © 2006-2016

 

 

 

 
Marie-François Eugène Belgrand, né à Ervy-le-Châtel (Aube) en 1810, est mort d'apoplexie dans son bureau à Paris le 8 avril 1878. Élève de l’École polytechnique, il devint en 1828 élève ingénieur des Ponts et Chaussées, ingénieur ordinaire en 1836, ingénieur en chef à la préfecture de l'Yonne en 1852, membre de l'Institut, directeur des Eaux et des Égouts de Paris. Technicien hors du commun, il dirigea les travaux de dérivation de la Vanne et la construction du réservoir de Montsouris. Ses ouvrages sur l'histoire de l'eau à Paris font référence. L'ingénieur Belgrand découvrit dans les sablières de Montreuil, les restes de cerfs géants, auxquels il donna le nom de « Cervus Belgrandi ».
 
 
 
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